
- Tu fais quoi toi dans la vie?
- Je suis Office Manager.
- Je crois que je n'ai pas compris...
- Je m'occupe du bien-être des gens de l'entreprise à toute heure. Certains se plaisent même à appeler ça "Responsable du bonheur".
- Arrête donc un peu tes conneries, qu'est-ce que c'est encore que cette trouvaille?
- Et bien aux gens négatifs je livre une merveilleuse bataille.
- Du marketing, rien de plus comme définition!
- Que nenni! Du bien-être, de la joie, de la satisfaction.
- Allez, sérieusement, tu fais quoi comme métier?
- Je fais de la bienveillance une normalité.
- Ah j'ai compris, t'es dans un secte!
- Oh tu plaisantes, j'aime trop la fête!
- Mais le boulot, c'est pas tout rose, tu n'les vois pas, ces gens moroses? On ne leur laisse pas de répit, tout c'qu'on leur d'mande, c'est du profit! Le manager il est à craindre et toi comme moi on est à plaindre! Tu fais comme si tout allait bien, mais de tout ça je ne crois rien! On ne peut plus aller bosser sans avoir peur de s'faire virer. De toute façon c'est sans espoir, ne me raconte donc pas d'histoires. T'es dans un monde de bisounours comme si l'bonheur cotait en Bourse, tu fais semblant d'être joyeuse alors que tu n'peux être qu'anxieuse. On court partout toute la journée et on est loin de se marrer!
- Quoi que t’en dise, j’sais qu’ça t’défrise, j’me plie en quatre pour que les gens au bureau s'éclatent!
Voilà. Si Molière était encore en vie aujourd’hui, c’est peut-être ainsi que commencerait l’une de ses pièces. Non pas que la vie soit une comédie de théâtre, mais il est en revanche certain que chaque être humain a entre ses mains l’histoire de sa vie et en tient le rôle principal.
Pour ma part, j’ai fait le choix de me construire une existence la plus paisible et joyeuse possible, que ce soit dans ma vie personnelle comme dans ma vie professionnelle. De nature optimiste et, par chance, dotée d’une importante faculté de résilience - parce que non, je peux vous l’affirmer, tout n’a pas toujours été rose et glorieux dans ma p’tite vie de trentenaire approchant à grands pas de la quarantaine (vous la sentez l’arthrose pointant le bout de son nez dans ma phrase là… ?) et j’ai mangé mon pain noir comme disait ma grand-mère (que je n’ai pas connue, mais est-ce vraiment essentiel pour reprendre ses propos ? Ne commençons pas à chipoter) – j’ai fait le choix d’axer mon activité professionnelle sur ce que je sais faire de mieux, ou en tout cas ce qui me comble le plus : distribuer du bonheur aux gens.
"Garde la fenêtre de ton esprit ouverte, car c'est par là que tu dois voir le monde." - George Bernard Shaw
Je suis Office Manager. D’autres l’appellent Chief Happiness Officer ou encore Happiness Manager. Je lis régulièrement des articles sur cet interminable débat concernant le titre de mon métier. En tant que professionnelle exerçant cette activité, je dois vous avouer une chose : je me fous pas mal de savoir comment devrait s’appeler exactement mon poste. On pourrait tout aussi bien l’appeler agriculteur d’entreprise, facilitateur de bonheur ou fée clochette en salopette.
En revanche, je vous le confirme, c'est un métier, un vrai. Au même titre que comptable, menuisier ou chargé de mission (encore que, franchement, chargé de mission… Allez, détendez-vous, je blague – je ne voudrais pas me mettre à dos les chargés de mission – qu’est-ce qu’ils peuvent être susceptibles ceux-là !).
Pour l’exercer, je vais vous avouer quelque chose: l'important ce ne sont pas les diplômes que vous avez obtenus ni le nom de l'école dans laquelle vous avez étudié. Et là pour le coup, je vais peut-être en faire grogner certains à la vision divergente de la mienne, mais dans le fond, n’importe qui peut devenir Chief Happiness Officer. Car non, je ne suis pas DRH. Non, je ne suis pas Directrice des Moyens Généraux. Non, je ne suis pas psychologue du travail. Et je ne suis pas non plus Chargée de Com', de marketing ou je ne sais quoi d'autre. Je n’aurai jamais la prétention de dire que j’exerce l’un de ces métiers car je n’en ai aucunement suivi le cursus scolaire.
Attention, cela ne veut pas dire que je me suis auto-proclamée un beau matin « Responsable du bien-être au travail », assise devant mon café et ma tartine. Propager le bien-être dans une entreprise est bel et bien un métier comme je vous le disais qui, s’il ne nécessite pas de diplôme spécifique, nécessite cependant d’avoir certaines compétences et/ou qualités bien particulières.
Il faut être polyvalent, dégourdi, proactif et réactif. Il faut avoir constamment envie d’apprendre, être curieux et créatif. Il faut être à l’écoute des autres, ne pas être dans le jugement et aimer communiquer. Il faut avoir le goût de l’aventure, savoir se poser les bonnes questions, oser prendre des décisions et se remettre en question. Il faut aussi avoir une organisation millimétrée (parce que non, je ne passe pas uniquement mes journées à faire des gâteaux, éplucher des fruits et organiser des tournois de babyfoot, le bien-être des collaborateurs passe aussi par une gestion correcte de leur "administratif", de leurs outils de travail, de leurs accès informatiques et j'en passe... et puis le bien-être concerne aussi les fournisseurs avec lesquels je tiens à entretenir des relations solides et agréables, bref, je ne manque pas de travail).
Enfin, plus que tout, il faut être enthousiaste et bienveillant.
Car la clé du métier est là: la bienveillance. Et en réalité je vais vous confier un secret: la bienveillance est la clé du bonheur et de la réussite dans n'importe quel métier, mais aussi dans la vie de tous les jours.
En entreprise, il n'est pas nécessaire de se demander si untel est à sa place à son poste, ni de grogner après Alphonse qui a encore oublié de faire signer un document à Michel.
Pas nécessaire non plus de critiquer Estelle qui met un temps certain à traiter les dossiers ou de hurler sur Simon qui est arrivé deux minutes en retard à la réunion parce qu'un client lui faisait la conversation au téléphone.
Regardons un peu les bons côtés de chacune de ces personnes!
Alphonse est un peu tête en l'air, mais il sait rédiger des documentations techniques comme personne et il le fait avec passion.
Estelle a besoin de prendre son temps pour être certaine de ne rien avoir oublié lorsqu'elle constitue un dossier? Essayons de voir ce qui la fait douter et aidons-là à prendre confiance en elle pour lui permettre de mieux avancer. Elle pourra de son côté nous apprendre à nouer de bonnes relations avec les clients car dans cet exercice elle excelle.
Simon n'est pas le roi de la ponctualité, mais il sait mieux que quiconque expliquer comment fonctionne le dernier logiciel mis en place et pourra nous en dévoiler tous les rouages le jour où nous lui en ferons la demande car il est de surcroît un excellent professeur qui aime partager ses connaissances avec tout un chacun.
Nous sommes tous des êtres humains avec des qualités et des défauts. Avec des compétences et des lacunes. Rien n'est insurmontable et rien n'est à dramatiser. En revanche chacun est à considérer.
"Les optimistes inventent les avions, les pessimistes inventent les parachutes." George Bernard Shaw
Considérons chaque moment de la vie, chaque personne, chaque événement en mettant l'accent sur les choses positives qu'ils nous apportent et en prenant pleinement conscience de ce nous pouvons nous aussi apporter de bon aux personnes dont nous croisons la route.
La vie n'est certes pas un long fleuve tranquille, mais en se posant un peu et en y réfléchissant bien, nous sommes loin d'être à plaindre et il y a bien plus d'événements positifs dans une journée que de moments sombres. Le fait est que nous avons toujours une fâcheuse tendance à mettre en avant les faits qui nous ont agacés, ce qui nous a posé problème et nous exprimons plus facilement nos contrariétés que les petits moments de joie et de bonheur de nos vies.
Pour vivre mieux, si nous commencions par vivre heureux?
Mon métier, finalement, c’est un peu ça: je m'applique chaque jour à donner le meilleur de moi-même pour apporter du bien-être à mes collègues. Je ne choisis pas de rendre plus service à l'un qu'à l'autre sous prétexte que l'un des deux est plus sympa. Je fais autant pour l'un que pour l'autre. Lorsque je règle un problème, mon action a un impact positif sur l'ensemble des utilisateurs, pas uniquement sur ceux avec lesquels j'ai le plus d'atomes crochus.
Je fais en sorte que chaque personne s’épanouisse à son poste de travail, qu’elle se sente bien et à l’aise. Je fais mon possible pour que le climat et l’ambiance de travail soient des plus agréables. Pour récolter du positif, commençons par semer du positif. Semer le bien-être pour que les êtres sèment…
Mon métier en fait, c’est tout simple : aimer les gens et aimer la vie.
"Si vous pouvez le rêver, vous pouvez le faire." - Walt Disney
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Vanessa (jeudi, 06 juillet 2017 14:50)
Hello, merci pour ce témoignage sur ce qu'est ton activité. Il est évident que les entreprises gagneraient énormément à développer plus massivement l'embauche d'Happiness Manager. Le monde à besoin de s'alléger.... Super !!! Belle continuation
dd (lundi, 17 juillet 2017 20:44)
Excellent. Bien écrit.
De Souza (dimanche, 08 octobre 2017 18:00)
Merci pour ce témoignage très utile et qui va m'aider dans mon nouveau rôle de Chief Happiness Manager.
Cg (mardi, 23 octobre 2018 09:12)
Merci pour ce beau message qui nous met du baume au coeur. Merci de m'ouvrir les yeux et de constater que tout n'est donc pas noir ou gris et merci pour ce beau partage.
Belle journée