Et le bonheur au travail, si on en parlait?

Selon un sondage IFOP d'avril 2016, nous sommes en France 75% à être heureux au travail. Certains diront que c'est un chiffre honorable pour un peuple représentant aux yeux du monde le pays de la grève. D'autres, comme moi, vous répondront : "Oh la vache! (pour 2017 j'ai promis d'essayer d'arrêter de dire put***, c'est pas facile, mais j'me soigne). 25% des gens sont donc malheureux, ou du moins pas épanouis dans leur job? Mais c'est énorme!!

 

Oui, 25% de personnes insatisfaites, c'est beaucoup. Mais ce constat est-il vraiment étonnant?

Soyons honnêtes/réalistes juste cinq minutes. Combien d'entre vous qui êtes en train de lire mon billet se lèvent tous les matins avec la banane, la frite, la pêche (pour votre santé, mangez 5 fruits et légumes par jour. Quoi? Les frites ce ne sont pas des légumes? Sérieux?) à l'idée d'aller travailler? Combien d'entre vous peuvent affirmer ne pas avoir eu l'idée au cours de l'année 2016 de changer radicalement de vie professionnelle? Hey, j'ai dit soyons honnêtes... il n'y a pas de honte à vouloir aller élever des chèvres dans le Larzac, vendre des paréos sur la plage ou exploiter sur Youtube ses dernières Go-Pro vidéos de balades en vélo. Non, vraiment.

  

Il faut dire que nous avons bien des raisons d'être déçus, mécontents ou au bout du rouleau. Florilège des motifs d'insatisfaction de l'année 2016 (toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite).

  • Le distributeur de boissons chaudes est en panne pour la 3ème semaine consécutive;
  • Mon manager n'est pas vraiment le roi de la bienveillance. Ça fait 3 semaines qu'il n'est pas venu me dire bonjour (hummm... la théorie du complot manager/machine à café c'est possible, non?);
  • J'ai cumulé 15 heures de transports/voiture en une semaine uniquement pour effectuer mes trajets domicile-bureau-domicile et mon boss trouve le principe du télé-travail complètement aberrant parce que "franchement vous croyez que je peux me permettre de vous fournir les outils nécessaires pour bosser de chez vous? Vous savez combien ça coûte un PC portable et une connexion internet? Vous n'avez aucune notion de budget mon p'tit. Non mais vraiment... Soyez gentil, traitez en urgence mon dossier de renouvellement de véhicule de fonction. Cette nuance Scuba bleu rend mon Audi tellement cheap! Le noir métallisé c'est sooo 2017!"
  • Le distributeur de boissons chaudes (re)fonctionne mais le café est VRAIMENT dégueulasse et le thé est en réalité de l'eau chaude. JUSTE de l'eau chaude;
  • Les tâches que l'on me demande d'effectuer sont rébarbatives. Je ne vois pas de perspectives d'évolution. Et pour couronner le tout on ne me demande jamais mon avis au cours des 8 réunions hebdomadaires auxquelles je suis convié.
  • Mon siège est cassé, du coup mon dos aussi. J'en ai parlé à mon responsable. J'lui ai exposé mes symptômes, il m'a donné un Doliprane. J'ai demandé un ergonome, 'm'a dit qu'j'lui filais mal au crâne.
  • Depuis plusieurs semaines on me demande de traiter de nouveaux sujets qui m'intéressent énormément mais qui me semblent dépasser mes compétences, notamment en termes de management des oraganisations. J'aimerais bien bénéficier d'une formation pour être totalement opérationnel sur les nouveaux projets confiés alors on m'a gentiment donné le catalogue dans lequel chercher celle qui conviendrait en me précisant que celles qui entrent dans le plan de formation annuel de l'entreprise sont page 17 à 23. Ok. Cool. Donc j'ai le choix entre un perfectionnement Powerpoint, une initiation à l'anglais et apprendre la gestion du temps. FOR-MI-DABLE.

De plus en plus de personnes affirment ne plus se sentir en phase avec leur manager, démotivées par une politique d'entreprise vieillotte et aspirent à donner du sens à leur vie professionnelle.

 

Heureusement, face à ça, des méthodes de management innovantes ont commencé à voir le jour depuis quelques années dans notre pays.

S'il ne s'agit encore que d'une minorité d'entreprises qui ont pris conscience du problème, je suis prête à parier que des concepts novateurs vont se développer un peu partout dans les années à venir et redonner du sens au mot travail.

Car il faut bien avoir en tête qu'un salarié démotivé est un salarié qui souffre. Que par conséquent sa productivité est bien inférieure à ce qu'elle pourrait être. Qu'un salarié qui quitte une entreprise représente un coût non négligeable et même bien supérieur à ce que beaucoup pourraient imaginer. Recruter la bonne personne au bon poste coûte cher. Le laps de temps nécessaire pour qu'elle prenne ses marques, les formations, tout cela fait grimper la facture. Sans oublier que le salarié qui part est bien souvent un fort potentiel dont l'entreprise sera verra privée.

 

Aujourd'hui donc, certaines entreprises ont décidé de réagir et de recentrer l'Humain au cœur du système.

Ainsi, il n'est plus rare de découvrir des sociétés ayant mis en place:

  • Des petits-déjeuners quotidiens offerts à leurs salariés, corbeilles de fruits frais, boissons chaudes, smoothies, viennoiseries (alors oui, vous me direz que cela représente un budget non négligeable, mais concrètement, vous pourrez en acheter un paquet des pains au chocolat, même s'ils ne coûtent pas 15 centimes, avant que votre budget "p'tit déj" atteigne le coût du "salarié démotivé parti et à remplacer");
  • De vraies salles de détente avec de confortables canapés, une déco soignée et de quoi s'amuser pour décompresser/se changer les idées/apporter une ambiance décontractée (babyfoot, billard, console de jeux, bibliothèque...);
  • Des boîtes à idées, des réunions hebdomadaires ou mensuelles d'expression libre, des team-building originaux afin de veiller à la cohésion d'équipe et à ce que chacun n'intériorise pas des rancœurs, ne se renferme pas dans son coin en cas de difficulté;
  • Du télé-travail contractualisé, partiel ou total, parce que oui, on peut être aussi et même plus productif en travaillant à distance. En plus on gagne du temps. Et le temps, c'est de l'argent;
  • Une organisation totalement libérée. Dans certaines entreprises, les salariés posent leurs congés quand ils le souhaitent. Ils peuvent également s'organiser comme ils l'entendent, l'essentiel étant que le résultat demandé soit là. Finalement, ça s'appelle simplement faire confiance, et ça fonctionne plutôt bien;
  • Une refonte complète de l'organisation de l'entreprise, avec passage d'une hiérarchie pyramidale à un schéma organisationnel horizontal (moins de strates hiérarchiques = plus de clarté et de facilité à communiquer et à échanger);
  • Un plan de formation décalé (auto-formation entre les salariés pour un partage des connaissances simplifié et riche par exemple)
  • Des services de conciergerie au sein de l'entreprise (pressing, livraison de courses...), une crèche, une salle de sport, une salle de sieste;
  • Des déjeuners collectifs offerts chaque mois par l'employeur afin de partager de bons moments de convivialité;
  • Une politique salariale plus juste (dans certaines entreprises, ce sont les salariés eux-mêmes qui décident de l'attribution des primes à leurs collègues, parce que Paul aura su aider Jacques, ou que Sarah aura vraiment fait une super gestion de projet au cours du trimestre écoulé).

Certaines grosses entreprises avanceront que la mise en place du bonheur coûterait bien trop cher pour pouvoir être envisagée. Qu'elles s'interrogent alors sur le fait que bon nombre de start-up ont d'ores et déjà placé le bonheur au centre de leur stratégie de recrutement et du développement de leur marque employeur...

 

De nos jours on voit de plus en plus émerger de nouveaux postes dans les sociétés. Pour n'en citer que quelques uns: Happiness Manager, Chief Happiness Officer (CHO), Chargé du bien-être au travail, Responsable du bonheur. Cela peut prêter à sourire, mais la réalité est bien là: aujourd'hui, les générations (et peu importe la lettre qu'on leur a attribuée, X ou Y même combat!) ont décidé qu'elles ne voulaient plus vivre pour travailler mais travailler pour vivre.

 

Alors la route risque d'être relativement longue avant que les mots confiance, liberté, simplicité, authenticité, épanouissement et productivité soient érigés au sommet des règles internes des entreprises, mais l'impulsion actuelle est fort prometteuse et ça, c'est que du bonheur!

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Soeurvero.com (dimanche, 08 janvier 2017 19:24)

    Très bien vu :-) Bisous de Picardie.