Chef, j'ai un truc à vous dire... Quand Mominzecity part en congé maternité...

Si être enceinte n’est pas une maladie, une grossesse peut parfois réserver des surprises dans le cadre du boulot. Allez, je n’ai pas résisté à l’envie de vous raconter ce qui m’est arrivé et qui doit concerner bon nombre de femmes-mamans-actives , peut-être même vous concerner, vous qui me lisez…

 

Mars 2012, le petit bout de plastique que je tiens entre mes mains est formel : je suis enceinte. Joie, bonheur, des larmes roulent sur nos joues à Tit Cœur et moi. Nous sommes si contents de cette nouvelle… J’ai de la chance, ma grossesse est quasi parfaite : pas de nausées, pas de réactions hormonales démesurées à base de crises de larmes, pas d’envie de fruits de mer en plein milieu de la nuit, juste une fatigue telle que le coucher se fait sur le canapé, vers 19h30 et que la nuit est rythmée par les besoins répétés d’évacuer de ma vessie (oui, je suis d’accord, c’est super joliment dit hein…)

 

Au bureau, tout va plutôt bien. Je suis en forme donc je continue à effectuer mon job d’assistante de direction à un rythme effréné. Les journées sont bien remplies car non seulement il y a le quotidien à gérer, les réunions à préparer, les courriers à rédiger, la facturation des clients à saisir, mais il y a en plus la remplaçante à former. Ce n’est pas une mince affaire que de passer le relais en ayant fait en sorte de ne rien oublier pour que les boss aient l’impression que tout est comme d’habitude une fois que nous aurons quitté momentanément la société pour vêler (ah non, pardon, accoucher).

Les mois précédents le congé maternité ne sont donc pas du tout de tout repos, bien au contraire. Le dernier jour de travail arrive. Je refais le point avec ma relayeuse, on est au top, tout a été vu, je peux partir sereine.

 

Le mois et demi qui précède l’accouchement est sympa même si ça commence vraiment à peser ce gros ballon dans mon ventre. Quand à ma copine la vessie, elle n’est pas décidée à me laisser roupiller tranquille. Quotidiennement, j’ai des appels de ma collègue qui galère parce qu’elle ne sait plus comment on saisit une facture d’acompte dans SAP ou qu’elle ne se rappelle plus du mot de passe de la plateforme pour réserver les voyages. Pas de problème, je suis là, je gère à distance, t’inquiètes pas ça va bien se passer. Mais quand même si vous pouviez un peu me lâcher ce serait sympa.

 

Le jour de l’accouchement arrive enfin. Un accouchement… de merde, tout simplement. Des complications à n’en plus finir, mais au final après 24 heures de travail, tout le monde va bien et bébé sort enfin, en forme (moi, question forme, on repassera plus tard hein…)

Le congé maternité post accouchement est essentiel, il me permet de me remettre doucement de ces dernières semaines à me sentir tel un cachalot hors de l’eau. Mon bébé et moi nous nous apprivoisons doucement, tout va plutôt bien. Il faut croire que je leur manque au boulot car je continue à être sollicitée quasi quotidiennement pour des questions sur tel dossier, tel client, telle méthode de travail…

 

Après les 10 semaines légales de congé post accouchement, je reprends le travail. Etrangement, je n’ai pas vraiment l’impression d’être partie aussi longtemps. Tiens, ne serait-ce pas dû au fait qu’on n’ait pas oublié de me contacter pendant mes semaines d’arrêt ? Ça se pourrait…

La reprise est un calvaire. Le remplacement s’est mal passé, les dossiers n’ont pas été gérés comme ils auraient dû l’être. Mes journées sont à rallonge, c’est la course continuelle pour remettre à flot des comptes au bord de la noyade. Des cadavres des semaines passées refont surface presque quotidiennement. Je fais tout mon possible pour tout arranger. Et j’y arrive, à gros coups d’heures supp’ (sans supp’). Je ne ménage pas ma peine. J’aime mon métier, je respecte ma société, je me donne à fond car je ne sais pas faire autrement, c’est ma mentalité.

 

Arrive le moment de l’entretien annuel et des augmentations de salaire. Et là, je me retrouve en face d’un homme pour qui j’ai bossé comme une timbrée pour qu’il puisse démontrer aux actionnaires que sa boîte est bien gérée et qui, me regardant droit dans les yeux, me dit avec une simplicité déconcertante : « ah bah vous comprenez, je ne peux pas vous augmenter. Bah oui, vous étiez en congé maternité cette année ».

HEINNNNNN ? KWAAAAAA ?

Alors mon pote je t’explique un truc : d’abord, je n’ai pas été en congé maternité TOUTE l’année, mais juste 16 semaines, les 16

semaines LEGALES. Ensuite, tu peux bien déduire au moins 4 semaines de ce congé maternité vu comment vous m’avez fait chier à m’appeler pour que je puisse vous dépanner sur ci et ça.

Enfin, sache que oui, j’ai CHOISI de faire un enfant, et que j’en ai CHIE grave. Parce qu’avant de partir j’ai tout fait pour que tout aille pour le mieux en mon absence et que franchement c’est épuisant d’être tout le temps à fond quand t’as un bide de 10 kilos à te trimballer, 2 heures de transport journalier et juste envie de te coucher. Que j’ai continué à en baver après avoir repris mon poste parce que j’ai une fois de plus tout fait pour arranger une situation compliquée pour certains dossiers. Que je ne t’ai RIEN demandé, et que tu ne t’es pas gêné pour parfois m’engueuler copieusement à la place de ceux qui avaient déconné. Et au final, te reconnaissance c’est CA ?!

 

Sonnée, dépitée et écoeurée, les jours, les semaines, les mois passent. Il y a des mouvements dans l’entreprise, je change de boss deux fois en 4 mois. Au poste d’assistante de direction, changer de patron est très éprouvant car c’est prenant, il faut tout réexpliquer, tout gérer pour deux le temps que le nouveau prenne ses marques, l’aider à s’intégrer même s’il passe son temps à vous dénigrer.

 

Septembre 2014 : ma deuxième grossesse démarre. Désirée, ma deuxième poupée se prépare doucement à arriver. Deuxième grossesse, à l’extrême opposé de la première. Perte de poids inquiétante, crises de larmes, quelques nausées, et bientôt d’affreuses douleurs au périnée qui m’handicapent pour marcher. Mais je continue à aller travailler, à donner le meilleur de

moi-même. Je continue de bien gérer les dossiers, de tout préparer pour que cette fois-ci, tout aille mieux lorsque je serai remplacée.

 

Deuxième grossesse et toujours à l’inverse de la précédente : après un bébé d’hiver, c’est maintenant un bébé d’été qui va pointer le bout de son nez. Du coup, l’entretien annuel se déroule cette fois-ci avant mon congé maternité.

Rendez-vous avec le nouveau chef… et LA… LA… : LA phrase qui tue « ah bah non, je ne peux pas vous augmenter. Bah oui, vous allez partir en congé maternité cette année ».

 

HEINNNNNNNNNNN ??? KWAAAA ??? NAN MAIS KESKECEKETUMEDYLA TOI ???

 

Je vous laisse deviner ce qui est arrivé… évidemment, je n’ai pas été augmentée !

 

Alors voilà, ce billet s’adresse à vous, messieurs, qui osez vous comporter ainsi avec vos salariées lorsqu’elles vous font l’affront de faire un gosse (nan mais sérieux, quelles connasses ces bonnes femmes !):

D’abord, apprenez une chose : dans une année, il n’y a pas 16 semaines, il y en a 52. Ce qui signifie qu’une femme qui vous fait le coup de tomber enceinte et donc de prendre son congé maternité à un moment donné aura quand même bossé à temps plein pour vous durant 31 semaines (on en va quand même pas oublier nos 5 semaines de congés payés). Qu’elle a le doit à un

minimum de respect et d’être traitée comme tout le monde même si ça vous les brise menu menu. Et que le jour où vous aurez passé neuf mois à pisser toutes les demies heures, être écoeuré de la moindre odeur, voir vos pieds gonfler au point de ressembler à… on ne sait même plus quoi, bosser sur vos dossiers comme si de rien n’était en gardant sourire et amabilité, vous préparer le café, porter des piles de dossiers à photocopier et à relier, j’en passe car la liste serait bien trop longue, vous pourrez venir vous la jouer avec nous, mais qu’en attendant, vous pouvez juste aller vous cacher !

 

Ah, au fait, j'allais oublier...

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Commentaires: 1
  • #1

    Francine Hong (mardi, 17 mai 2016 09:01)

    Géniale Madame